Le Bonheur – Entretien avec Thierry Janssen sur France Inter – 3 Jan 2012

Le Bonheur – Entretien avec Thierry Janssen sur France Inter – 3 Jan 2012

Le grand Entretien – France Inter  par François Busnel – 3 Janvier 2012
Interview de Thierry Janssen suite à la sortie de son nouveau livre Le défit Positif.

Disponible jusqu’au 28/09/2014 18h00

Résumé:
Thierry Janssen (50 ans) a étudié pour devenir ce qu’il souhaitait depuis petit: Chirurgien (cancérologie). Ses études ont été source de concessions. Il a donc travaillé comme chirurgien pendant 12 ans puis a voulu changer de poste suite à un mal-être les 2 dernières années. Victime de certaines maladies psychosomatiques (conjonctivites, exéma) il a effectué ce changement mais celui-ci n’a duré que 2h. Il a déposé sa démission en écoutant son ressentit.

Il s’est intéressé à la thérapeutique, la philosophie et la spiritualité et a écrit 7 ouvrages.

http://www.thierryjanssen.com/

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Selon lui le bonheur est une idée abstraite dépendant de tout un chacun mais avec certains dénominateurs communs. Il est indispensable d’y éprouver du plaisir car sa recherche nous motive.

Il a existé une confusion entre Bien être et Bonheur. Le bien être était associé au confort et synonyme d’un état d’ataraxie et d’apathie (absence de troubles et de passion). Epicure lui, pensait qu’il ne pouvait être atteint qu’au travers d’une vie vertueuse et dans le présent.

Dans notre société nous nous sommes trop habitué à la consommation de biens matériels influencés par nos peurs. A essayer de prévoir pour nous prémunir de risques plus ou moins réels nous nous éloignons de la réalité du quotidien, du présent. Tandis que souvent, dans l’instant présent, on se rend compte que le plaisir vient surtout des choses simples et se trouve dans la qualité même de savoir le savourer.

Nous sommes perdu et ne savons plus quelle est la bonne voie à suivre. Une solution serait de se tourner vers la philosophie et la spiritualité des choses. Notamment vers Bouddha.

La spiritualité est au-delà du discours religieux, plutôt dans la compréhension du lien entre les dimensions de ce qui est.

Lors de troubles, notre société préfère traiter ce qui va mal, plutôt que de s’intéresser à ce qui va bien et essayer de le valoriser. On a de plus en plus tendance à pathologiser les comportements et les faire correspondre à des schémas connus pour les traiter, plutôt que de les appréhender dans leur ensemble et remettre en question nos mécanismes. Pourtant, les malades ont surtout besoin de donner du sens à leur maladie.

La parole peut alors aider la guérison mais celle-ci doit être en adéquation avec l’inconscient et donc déliée des aprioris et autres automatismes.

Il faudrait pourtant que chacun puisse ré-équilibrer la vision de lui-même et recrée son espace intérieur (philosophie bouddhiste) en s’inscrivant dans l’instant présent et lâcher du leste dans sa réflexivité.

Dans notre Monde de l’immédiat il est donc important de savoir écouter les signes de son corps plutôt que de mentaliser nos actions et essayer de le pousser dans ses derniers retranchements. L’individu n’est qu’une seule entité à différents niveaux d’information. Il faut donc l’appréhender dans sa globalité pour toucher au mystère de l’être. Chacun doit également accepter d’aller plus loin, vers l’inconnu pour se découvrir lui-même profondément, bien au-delà de l’ego qu’il construit pour survivre chaque jour.

Lors des crises personnelles, mieux vaut en faire une opportunité pour évoluer qu’une raison de se laisser sombrer plus profond.

Le fait d’écrire lui permet de donner du recul à ses idées pour les contempler et augmenter son niveau de conscience par rapport à lui-même. C’est une aide pour redevenir fidèle à soi et mieux cerner les limites de son ego.

 

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Prise de notes

Bonheur: Idée abstraite pour que chacun y mette ce qu’il à envie d’y mettre (Thierry Bergson). Cependant il y a des dénominateurs communs à tous…

« Les théories du bonheur ne racontent que l’histoire de ceux qui les font.  » Diderot

Bonheur tangible ou quête de toute une vie ?

Condition indispensable au bonheur: éprouver du plaisir –> Besoin essentiel pour l’être humain, qui nous motive.
Le plaisir provient surtout des besoins vitaux: manger, boire, savoir, sex,…

Paradigme de notre culture: Production de bien à consommer pour pouvoir en produire de nouveau. Peur -> prévoir, anticiper, produire des protections pour des peurs souvent injustifiées. Eloigne de la réalité du quotidien, du présent. Dans la rationalité de l’instant présent on se rend compte que bon nombre de choses sont futiles et que le plaisir vient surtout des choses plus simples. Le plaisir est surtout dans la qualité de savoir le savourer. (5:55)

(6:40) Confusion (philosophie utilitariste) entre Etat de bien être et Bonheur. Bien être -> confort dans notre société tournée vers la domestication de la matière; confusion d’aujourd’hui entre confort (consommation de biens matériels) et Bonheur. Ataraxie et Apathie: Absence de troubles et de passion. Rejoint la philosophie hédoniste (Eucaristide de Siren): « Le bonheur est le plaisir, on ne peut connaitre le bonheur sans plaisir. Le bonheur est un état d’ataraxie et apathie ». Epicure: « Le bonheur ne peut être atteint qu’à travers une vie vertueuse, dans l’immédiat (présent). »

(10:00) Dans notre société: Qui nous dit quelle est a voie a suivre ? Se tourner vers des philosophies; Boudha.
Spiritualité: Se retourner vers l’esprit des choses. Les dimensions de l’être: Corps, Ame, Processus de la pensée, Esprit (le souffle: comprendre le lien entre les dimensions de ce qui est). La spiritualité n’a rien de religieux, elle peut être utilisée dans les discours, mais elle doit aller se chercher derrière le discours religieux. (11:30)

(15:20) Curieusement nous sommes d’abord attirés vers le négatif, ce qui ne va pas. En médecine on ne soigne que ce qui ne va pas au lieu de s’intéresser à ce qui va bien et le valoriser. Distorsion dans notre manière de nous regarder. Pathologiser notre être et la vie normale. Dans le DSL – Manuel Statistique des troubles mentaux (depuis 1952) , en moins de 50 ans on est passé d’une centaine de troubles à plus de 300 troubles. Des troubles naturels (trouble en temps de menstruation) ne sont pas a prendre comme des pathologies…mais dans notre société moderne on traite ces troubles ! (17:42)

()Ré-équilibrer notre vision de nous même:
On est trop dans le faire, la projection -> Re-créer un espace intérieur (Boudhiste). Prendre du recul, relativiser, rester en lien avec la réalité du présent: Citadelle intérieur (philosophes stoïciens). Le Monde d’ojd renforce la tendance à vivre à l’extérieur et ne pas avoir d’espace intérieur. Revenir dans la pleine conscience de l’instant présent. Pratiques méditatives ! Tricoter = méditer :) Focaliser dans l’instant présent sans partir dans la réflexivité.

(20:15) Notre Monde est d’immédiateté. Comment se refaire?
Ecouter les signaux de notre corps et non pas uniquement notre tête (utilisation de substances ou médicaments qui nous aident à pousser un peu trop). (21:20)

(22:10) « Mon corps influence mes pensées comme mes pensées influencent mon corps, je ne suis qu’une seule chose à différents niveaux d’information; et le souffle traverse tout ça et j’essaie de comprendre le souffle. Il faut revoir l’individu dans sa globalité pour toucher au mystère de l’être et du phénomène humain, comme disait Terre de Chardun. (22:50)

(Sacrifices scolaire pour être chirurgien…)

Prendre des décision en s’écoutant: Avec certains symptômes physiques il a déclenché des changements dans sa vie qui ont généré un Grand changement.

(25:10) Quitte le monde de la chirurgie car il a écouté son corps. 2 dernières années difficiles…Critiquait d’abord l’extérieur alors que le problème était intérieur. Angoisse dans son nouveau bureau -> Petite voix intérieur: « Si tu reste ici tu va mourir »-> Lien entre symptômes et position dans son quotidien.

Ex: Si on doit uriner, on aura beau se dire « Non pas maintenant » au bout d’un moment il faudra bien y aller. -> On ne peux pas se mentir au-delà d’une certaine limite.

(28:00) « Plus de peur car là c’était ma vie qu’il fallait sauver. »

(32:00) « Faut-il sacrifier son instinct et ses envies pour ensuite s’offrir le bonheur de tout recommencer ? »
« Si j’avais eu cette état de conscience plus tôt j’aurai pu continuer mon métiers avec, mais j’avais besoin de rencontrer cette vérité. »
« Les professeurs voulaient que je suive ce qu’il m’avaient apporter, alors que je voulais des maitres, c’est a dire des gens qui me donnent des outils pour aller plus loin -> Moi un jour je serai professeur de chirurgie ! »

(34:00) »Tout un chacun, nous avons des périodes de survie dans notre vie, où l’on palie au plus pressé. A certains moments il y a des crises. -> Ou sombrer plus ou en faire une opportunité ! »

Christophe Colomb:  » L’être humain ne vas jamais aussi loin que lorsqu’il ne sait pas ou il va. »

Si on ose dans notre vie aller un peu plus loin, dans l’inconnu, on découvre plus que ce qu’on croyait être, on découvre soi très profondément et c’est beaucoup plus que cette personnalité, ce qu’on avait construit pour survivre. Il faut libérer cet instinct.

(36:00) J’écris tous les jours dans un journal depuis 14-15 ans. -> Rapport avec soi même, faire atterir les idées ou les pensées, les émotions sur le papier. Ecrire, dessiner, donner du recul à ses idées pour les contempler et augmenter en niveau de conscience par rapport à ce qui nous constitue. On chemine avec soi-même.(37:30)
-> Redevenir fidèle à celui que l’on était lorsqu’on était enfant, à Soi, et maitriser ce Moi (égo construit en réponse à la peur).

(39:00) (A propos des malades) L’être humain a grand Besoin de sens! Aussi important que le bonheur. A travers la technique (médecine conventionnelle), on plaquait un sens sur leur maladie plutôt que de les aider à comprendre Leur sens.

Comment aider l’individu à retrouver son propre sens ?

(40:50) La parole peut guérir mais doit être en adéquation avec l’inconscient et en quittant les apriori et les automatismes (difficile). La parole naissant de l’expérience corporelle a plus de force!

(42) On part trop de théories toutes faites en essayant ensuite d’y faire coller la réalité. On n’avance pas comme ça. Il faut des gens comme Einstein, qui revoient leur théorie après expérience concrète montrant une différence à la théorie précédente.

(46:00) Pourquoi lui même est-il tombé malade après la sortie de ses livres?
Trop de conférence pour son besoin narcissique de reconnaissance. A mal soigné sa grippe. « Je voudrait d’abord être! = Partir en Egypte en retraite. »

(50:10) « On est toujours cohérent par rapport à quelque chose. »
(10 à 15 mois d’écriture 8h/jour)

 

Editeur 2e livre: Robert Laffont (voulait un livre sur un lien entre corps et esprit)

Film: Le premier jour du reste de ta vie (BO Etienne Dao)

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One thought on “Le Bonheur – Entretien avec Thierry Janssen sur France Inter – 3 Jan 2012

  1. pascale kaplan

    Oui, il voulait être cohérent face à son incohérence physique d’abord, petit, qu’il avait dû ressentir très tôt…peut être même déjà in utero…quelquechose qui lui était transmis malgré lui mais qu’il vouait sa vie, en premier, pour « survivre », à combattre pour l’effacer aux yeux des autres…mais dont il était prisonnier et l’empêchait d’ « être » lui simplement, au risque de le faire mourir…c’était très intéressant de l’entendre parler de sa passion pour l’Egypte ancienne quand on connaît tous les symboles sur la vie et la mort qu’elle véhicule ainsi que les images qui peuvent imprégner l’imaginaire d’un enfant…

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