Qu’est-ce qu’innover sinon créer en faisant du neuf ?
Créer, donc faire exister.
Du neuf, du nouveau. De quoi peut-on dire qu’il est nouveau ? Ce qui est nouveau n’était, par définition, pas encore connu, in-connu. Inconnu !
Mais comment peut-on en venir à créer l’inconnu? L’inconnu est-il réellement si loin du connu ?
Puis-je inventer quelque chose qui dépasse toutes attentes de l’être humain? Puis-je imaginer quelque chose qui ne ressemble en rien à ce que je connais ? Je n’y crois pas.
Nous vivons dans un monde d’existant, de réel, de passé, de sens, d’ordre, d’étiquettes et de choses reconnaissables. La Nature, elle, peut nous surprendre et nous mettre face à quelque chose que nous n’avions jamais vu auparavant mais suis tout de même les lois de la physique. L’humain, lui, ne fait que reproduire ce qu’il a connu.
Si je ne puis inventer au-delà du réel, je ne peux que changer mon point de vue de cette réalité. Y donner du relief, la mettre en perspective, la mélanger avec d’autres « réels ».
Quoi qu’il arrive, le mécanisme restera le même. Tous ces processus découlent de fonctionnement physique et humains existants. De l’existant à l’innovant, comme d’une dimension à l’autre, le concret peut différer, mais les mécanismes restent inchangés, fractaux.
Ces pommes d’amour d’une petite fête de village Équatorienne avaient-elles besoin de Steve Jobs pour changer de manteau ?
On dit parfois que l’on fait du neuf avec de l’ancien. On ré-invente une manière de faire ou de voir, on remet au goût du jour, telle une pomme d’amour passant du rouge au violet ou un iPhone d’une coque noire à une coque colorée.
On peut aussi prendre la réalité et la cadrer différemment. Prendre du recul, sortir la tête du guidon, chercher l’objectivisme. Alors mélanger les étiquettes, les cases, les moules: changer l’ordre établi. Enfin adopter une nouvelle subjectivité, une vision transversale, alors dite innovante. Cette même transversale qui correspondra à un nouveau genre, une nouvelle mode et passera petit à petit dans le domaine du connu, du non-innovant. C’est une suite logique due à nos capacités d’apprentissage.
On peut aussi attendre que la vie rende cette innovation inéluctable. La philosophie « Welcome problème » du dirigeant de ??? comprend cette stratégie. Si un problème surviens, c’est bien qu’il n’avait pas été pris en compte et ouvre de nouvelles perspectives de développement. Face à celui-ci, l’attitude innovante voudrait alors que l’on rebondisse plutôt que de baisser les bras. Le soucis devient opportunité.
Opportunités… ces nombreuses voies possibles qui se présentent à l’ouverture de chaque nouvelle porte, au passement de chaque étape, à la génération de quelconque nouvelle idée. La théorie du chaos: l’effet papillon. Du rien surgit le tout en une corrélation mathématique déclenchée par un infime déséquilibre. Toute conséquence provient d’une cause, le présent du passé, et le futur découle de ce dernier. Heureusement, notre nature abondante nous offre d’infinies opportunités, même si l’on n’en n’a pas toujours conscience.
La nature d’ailleurs, s’applique, elle, à créer sans y penser, sans se demander, sans craindre l’impact de ses décisions. Ce qui est devait être et produira ce que ça doit.
Qu’est-ce alors qu’une bonne innovation humaine, si la nature elle, n’y prête aucune attention?
Peut-être nous arrêtons nous trop subjectivement à la question du bon…a quoi juge-t-on que quelque chose est bon ? Selon quelles critères ?
J’aurai tendance à privilégier un indice de « Bonheur humain ». Qu’est ce qui influence vertueusement la sensation de vie heureuse ?
On pourra aussi innover pour l’exotisme de la solution, le voyage qu’elle fait vivre par sa seule expérience, mais est-ce alors une « bonne » innovation?
Si l’on fait fi de ces préoccupations, si l’on souhaite se contenter d’innover, posons nous alors la question: mais pourquoi ?!?
Je crois que la réponse est simple: parce que c’est vendeur!
Innovation est connotée non seulement d’amélioration, mais aussi de voyage.Et oui. Mais alors si l’un n’est pas sinéquanone, le second en est inhérent.
Innovation = Inconnu = Exotisme = Intrigant = Sensation intérieure de découverte = Voyage
L’innovation réveille notre âme d’enfant et en appelle à l’émerveillement. Elle est au-delà du concret, du déjà connu, du « boring ». Elle décolle nos pieds du sol l’espace d’un instant, nous emportant dans sa réalité. Elle nous fait remettre en question des préconceptions, déplace les limites de l’impossible, fait évoluer notre référentiel. Nous fait voyager.
Elle intrigue aussi. « Quel chemin a bien pu amener l’autre à cette nouveauté ? », « Pourquoi lui a bien pu y parvenir et pas moi ? ». « Moi aussi je veux rêver… »Cependant souvent bien trop absorbés par notre quotidien, nos soucis, nos peurs, trop peu optimistes et audacieux, nous reproduisons le connu confortable, plus rassurant.
Peut rêver qui sait s’en donner la liberté.
Vous souhaitez innover ? Ne faites pas ce que vous avez l’habitude de faire. Pensez à l’inverse. Trop de danger ? Bon, d’accord. Alors faites juste l’inverse de ce que l’on attend de vous. Toujours trop dangereux, vous voulez conserver une image et une cohésion dans le temps ? Il ne vous reste plus qu’à faire un simple pas hors de vos limites. Non a l’opposé de vos habitudes, mais juste à l’extérieur. Comment voulez-vous innover si vous reproduisez le connu ? Impossible. Il va falloir lâcher prise sur vos acquis, faire un pari, y mettre un enjeu. Vous risquez de perdre. Vous risquez de gagner.
Prenez un risque. Changez de coupe de cheveux, changez votre horaire d’arrivée au travail, changez votre cantine du midi… Un simple changement entraine toute la machine avec lui! Commencez par vous, le reste suivra.
Le processus d’innovation commence par un saut!
L’innovation est nécessaire à l’Homme. Elle lui apporte le sentiment de vie que le confort n’a plus. Si ce dernier lui permet de se projeter plus sereinement à l’extérieur, c’est bien cet « extérieur » que proviendra la nouveauté.
Qui ne rêve plus court à sa mort. D’un inconnu à l’autre, du vertueux au vicieux, de vous à moi, je préfère le premier: rêver !
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Dernière chose, petit exercice pratique: que voyez vous dans cette image?
Allez, soyez créatif!

(Moi je sais, je l’ai prise, donc corrélée au réel, mais pourtant j’accepte maintenant d’y voir une bouche issue du rêve, de l’imaginaire, de ce qui vient)
Excellentes oppositions et graphismes….ainsi que poésie !
Merci ;)
Sans connaitre cette photo, je vois le soleil se coucher derrière un vallon avec le reflet des derniers rayons du jour dans un lac
A voir, en référence à ce post…la critique psycho/philo du film « American Beauty », ou la philosophie de l’ennui, qui va conduire le personnage principal à la mort parce qu’il ne trouve pas d’autre manière de faire bouger les choses dans sa vie…
http://la-philosophie.com/american-beauty-analyse… Voilà le lien !
Super article et réflexion !
Innovation…
En chinois c’est le même mot pour dire « Innovation » et « crise », et il prend plutôt le sens de « occasion de changer »…
Rêver ! Imaginer les choses autrement….
…et dans le rêve se réalisent toutes les pulsions, toutes ces envies qui ne peuvent s’exprimer dans la vie à cause des interdits…mais les pulsions sont aussi l’expression basique de la vie, de l’énergie de vie qui nous anime, de ce moteur « électrique » qui nous fait avancer…alors pour se sentir « en vie » (envie) il faut en laisser passer en trouvant aussi un équilibre dans cet exercice, au sein du milieu dans lequel nous vivons…
Des pulsions, des envies sublimées, transformées, adaptées à notre environnement et à notre relationnel, pour avoir toujours cette sensation de vie en nous et être créatif…de notre vie, dans la moindre des choses que nous faisons, dans chaque détail d’une situation que l’on va aborder différemment, dans un regard différent porté sur le quotidien, la conscience accrue de ce que l’on fait ou vit….chaque moment nous permet d’avoir cette ouverture sans que nous en soyons vraiment conscient…alors vivons le en toute liberté en cassant le moule de la régularité (les interdits, ce qu’il faut faire…) mais en prenant soin de soi, sans aller nous mettre en danger, en prenant garde que ce besoin ne nous porte pas au delà de ce qui nous est bénéfique…