(re) Partir voyager ?

IMG_0768-DavidTribal_1000

IMG_0768_verticale

Réponse à une amie française rencontrée sur la route en Amérique du Sud:
Le 5 Aout 2014, elle a posté sur son mur FB:

 » Il est bien loin le temps où j’étais parfaitement indépendante, où tout était stressant mais si facile. Avoir 17kgs de packtage pour seul maison. Vivre au grès des rencontres. Passer des jours et des nuits dans des bus, des gares routières. Discuter avec de parfaits inconnus, se raconter, se livrer. Ouvrir son cœur et son âme. Ne pas avoir peur de donner. Vivre.
Je crois aujourd’hui encore ressentir ce manque. Comme une drogue, pire qu’addictif.
Je veux reprendre mon sac à dos, galérer, pleurer, manger pour me réconforter.
Je veux repartir à la conquête du monde, de mon monde. »

 

Alors que les divers commentaires disaient:

  • Ami 1: Je comprend très bien ton sentiment. Et bien il ne tient qu’à toi te te lancer
  • Elle: Je sais et je crois que c’est ça le pire: se freiner soi même !
  • Ami 2: Oui mais à force de freiner on fini par caler et ne jamais repartir !
  • Ami 3: Nostalgique mon chaton…
  • Ami 4: bah alors petit coup de blues!!!
  • Famille 1:  C est quoi ce coup de cafard!!
  • Ami 5: Allez prends des vacances cette hiver ma poulette et viens me voir
  • Elle: Ce n’est ni un coup de blues ni un coup de cafard. Voyager m’a permis d’être vivante. Aujourd’hui je veux éviter de m’enfoncer dans les méandres de cette société si codifiée et individuelle!
  • Ma réaction(issue de mon chemin de pensées)

    Et laisser tomber ton peuple ?
    Laisser tomber toutes ces personnes avec lesquelles tu aime passer du temps en mettant entre toi et eux non seulement la distance géographique, mais une distance culturelle importante ne permettant plus de réellement se comprendre; au retour, et dans le temps au plus longtemps tu sera resté loin.

    Ou bien tu veux juste aller voir, et tu verra si tu rentre. Aller prendre du recul, une bouffée d’air frais, des bases plus sereine auto-construites, les tiennes, pour te retrouver hors des influences diverses de notre société de personnes/consommation/assistés/peureux…

    Moi, j’ai du mal a accepter de laisser tomber tout ça, « le peuple français », pour n’aller vivre que mes aventures, en rabâchant lors de chaque discussion sur mes provenances: « Oui, mais en France c’est bloqué, plein de pessimisme, c’est la crise, les gens sont lourds, tout est fermé… », et continuer de voyager sans essayer de me responsabiliser moi-même pour mon pays et le faire évoluer avec moi.

    Alors je suis rentré. Et maintenant, c’est moi qui me rend compte du pessimisme s’installant, des fermetures s’opposant à mes libertés, des états d’esprit rabougris et assouvis par une consommation poussée, déraisonné, et surtout inconsciente.

    Est-ce que le voyage au delà de nos frontière est la seule solution pour se sentir vivre?
    Est-ce qu’on ne pourrais pas déjà se responsabiliser de voyager sur nos terres et partager notre liberté d’esprit, montrant à nos proches, aux gens proches, à ceux qui partagent notre culture, nos traditions, nos racines, qu’il existe une autre manière de fonctionner, plus optimiste, plus libre, et que « Ils », « Eux », « L’Etat », c’est nous.

    Est-ce que partir voyager seul ça n’est pas fuir la difficulté de construire une société de personnes stable et viable sur le long terme?
    Assimiler les influences du passé pour les inclure dans notre développement futur, mais dans une boucle vertueuse?
    Accepter le poids de l’histoire, en ressortir l’essence afin d’éviter de reproduire les mêmes conneries et continuer d’aller confiant de l’avant?
    Refuser les innombrables compromis nécessaires pour vivre avec les innombrables autres fous qui nous entourent ?
    Cette difficulté d’accepter l’Autre, dans toute sa propension à nous envahir et se forger en conséquences.

    Alors est-ce que partir voyager « à l’étranger » c’est avoir suffisamment d’égoisme pour se sauvegarder, et aller se retrouver en sortant de toutes ces pressions appliquées ici ?
    Est-ce que c’est un refus de notre fonctionnement ? Une remise en question de celui-ci au travers du résultat, qui appliqué à nous ne nous convient pas ?

    Qu’est ce qui nous fera revenir alors ?
    Qu’est-ce qu’on va chercher en allant se soumettre à d’autres influences ?

    Car si l’on part un temps court, on reste un voyageur, on n’appartient pas au pays ou l’on vit, on n’est pas réellement soumis à ses difficultés, on n’en verra qu’une partie. Si l’on part un long-temps, on devient partie d’une autre société de personnes, avec ses limites à elle aussi.

    Mais pourtant, on conservera toujours notre éducation… Alors est-ce tricher que d’aller avec son éducation « de pays développé » dans un pays « moins développé », ce qui nous garantira de toujours vivre au-dessus de sa société, a l’abris des problèmes ?
    (évidemment, « développé » est subjectif et ne fait référence qu’à l’usage qu’on en a couramment qui pour moi devrais être plutôt « développé en rendement et en avoirs », opposé à « développé en savoir vivre et être »)
    Ou bien est-ce participer à un ré-équilibrage naturel des influences ? Voire une nouvelle sorte de colonisation, si l’on pense devoir aider avec nos savoirs sans prendre en retour des leurs et s’adapter.

    Arrr… le sujet est vaste.
    Je crois que de toute manière il faut toujours faire ce en quoi l’on croit, et advienne de qui doit.
    (moi j’ai du croire bon d’écrire ça ;)

Note:

Une nuit j’ai rêvé que je repartais en voyage. J’en étais surpris moi-même. J’étais déçu: « Pourquoi est-ce que je repars ? Je ne parvenais vraiment pas à faire ce que je voulais ici ? »
A mettre en parallèle avec « Pourquoi suis-je rentrer  » et « Quel est mon pari avec ce retour ? » (il faudrait que je l’écrive…)

 

Related posts

11 thoughts on “(re) Partir voyager ?

  1. Ba'al

    C’est bizarre, à vous lire, on dirai que vous ne savez pas ou plus ce que vous voulez faire de votre vie (aucun jugement!)… Pourtant à avoir suivit au mieux sur FB ton aventure, il semblait que tu étais là où tu voulais être et par projection j’aurai parié que tu savais où tu voulais aller!

    J’ai l’impression, à te lire, qu’en fait ce n’est plus si clair, maintenant que tu es revenu. Et si c’est le cas, n’est ce pas ton voyage qui t’a fait oublier de penser à ton avenir?

    1. David Tribal

      (cool, une petite réaction de Ba’al)
      Je vais devoir te balader entre conscient et inconscient ;)

      L’inconscient sait toujours où il va. Seul le conscient panique et se pose des questions. Enfin, l’inconscient ne sais pas puisqu’il ne pense pas, il ne formalise rien, il sent et il agit. Au delà de l’instinct et interprète de l’âme.

      En voyage et au retour, aligné avec soi, le conscient c’est forgé une assurance propre, une confiance en soi. Ici, de nouveau dans des situations connues mais appréhendées différemment, dans les attentes de ses proches que nous ayons les mêmes réactions qu’avant (alors que nous avons évolué rapidement), dans cette peur ambiante que l’autre ne soit meilleur que soi-même, on est plus ou moins maintenu au stade de « qui nous devrions être ». Et il est dur de casser ce cocon bâti par les autres autour de nous.

      Alors oui, en voyage je savais qui j’étais et où j’allais. Oui en revenant j’étais conscient de beaucoup de choses, j’avais du recul sur « ici ». Après 10 mois de retour, je n’ai plus de recul, j’en fais de nouveau parti.
      Le voyage n’est presque plus qu’anecdote surgissant dans des discutions.

      Voilà le rôle pour moi de mes carnets de voyage que je n’ai pas encore ouvert:
      Ouvrir la « Stargate » de ma réalité actuelle vers la réalité du voyage ! Voir le recul qu’avait le moi d’avant, ses bases, ses valeurs, son fonctionnement, en comparaison avec ce que je suis aujourd’hui. Voir si je peux me balader entre cette dimension et l’autre, créer un pont sur ma personne.

      Nous voilà au slogan de mon site « Voir la vie à travers le regard d’un autre ». Tu crois que j’y ai pensé lorsque je l’ai choisie? Non, pas un poil. Je ne sais même pas pourquoi je l’ai mise. Tu vois, quand je te dis que l’inconscient sait où il va ;)
      Confiance en soi et en son inconscient !

      Par contre, ici tout est tellement concret, et il y a tellement d’influences (de forces) s’appliquant sur toi, que tu perds confiance en toi…Difficile de garder la face chaque jour.

      Somme des Forces = m*a, c’est en dynamique. Ici on a plutôt tendance à avoir Somme des forces = 0 ;) Nous n’avançons qu’à petits pas au sein d’influences trop nombreuses, trop importantes pour nous.

      Et si on s’en foutait de tout le monde? Si on s’en foutait de ce que pense la famille ? Si on s’en foutait que ça plaise ou pas ? Si on s’en foutait de gagner suffisamment d’argent pour payer tout et se placer au dessus de la moyenne (puisqu’à la moyenne on n’a qu’une vie moyenne, soumis à la mode, à manger des légumes transgéniques et des poulets de batterie). Moi je veux manger Bio, sein, respectueux, logique, normale quoi. Normal pour moi. Mais la normalité pour moi, c’est du luxe ici. Pourtant en Amérique du Sud (par exemple), tous les matins je mangeais des fruits cueillis dans les montagnes environnantes, dans la bananeraies et orangeraies les plus proches, du poulet de cour, et c’était le moins chère.

      Alors oui, il y a certaines certitudes qui se troublent si l’on analyse les choses…consciemment. Alors pourquoi ne pas se mettre une petite cuite, arrêter d’être conscient, dépenser son argent gagné à travailler pour quelqu’un d’autre dans ces molécules d’alcool qui nous ennivrent doucement et nous permettent d’accepter demain sans le comparer à hier.
      Qu’y trouve-t-on de bon? La fête, l’échange avec les autres, heureusement ils sont là les autres, sinon, à quoi bon? (zut, ya une musique triste qui commence sur mon ordi).

      Mon voyage qui m’a fait oublier de penser à mon avenir ?
      Bien sur, il m’a fait oublier de penser à mon avenir. J’ai arrêter de penser et j’ai commencé à croire. Non pas en Dieu ou l’en ce qu’on me dit, mais en ce qui sort de moi et me dicte mes pas. J’ai forgé une confiance en moi « à toutes épreuves ». Qui ici se laisse finalement enfouir régulièrement par le pessimisme, la difficulté, la peur, les perspectives, les projections. Et heureusement, régulièrement les bons moments, les amis, les films, les musiques, les création des autres, et mes accomplissements, ces mélangeurs de sentiments, me redonnent confiance en moi et en tout plein d’autres choses.

      Je ne pense plus à mon avenir, tu as raison, j’essaye juste d’y croire. Périlleux exercice, mais tellement intéressant. Une manière de voyager en mon pays, en ma ville, en mon quotidien, et avec mes particularités, mes rêves.

      Tu sais où tu vas ?

      1. Ba'al

        Sais-je où je vais?

        En voilà une question intéressante. Un vieux pote à moi nommé Morpheus te dirai There is a difference between knowing the path, and walking the path!

        Alors je ne connais pas mon chemin, je le découvre chaque jour avec ses bonnes et mauvaises surprises. Je connais la destination que je souhaite… Arriverai-je, un jour, à bon port? Ça… j’aimerai bien pouvoir te dire oui!
        Je sais déjà qu’il est encore long, très long, peut être même trop et très difficile!

        Quand je me retourne et que je fais un bilan, je me dis que j’aurai pu partir plus mal. Ce qui est étonnant, c’est que mon parcours relève plus du hasard que de choix pleinement explicités ou planifiés. Du coup j’ai une certaine confiance non pas en mon inconscient mais plutôt en mon destin. Donc malgré les quelques embuches de parcours je garde espoir.

        Tu me diras peut être que le destin est une fabrication de l’inconscient…

  2. David Tribal

    Consignation des commentaires relevés sur FB: (wall DavidTribal)
    Aurore Boréale Ça me rappelle mon voyage en NZ, je ne me suis jamais sentie aussi vivante.

  3. David Tribal

    Consignation des commentaires relevés sur FB: (wall Julyon)
    Nico Beber Très bel article mister où pour une fois mon ressenti est très similaire . Je reste peut être un grand naif mais si on s’ouvre un peu on fera des belles rencontres ça marche pas qu’en Afrique ou en Amérique du Sud … s’ouvrir sur le monde ça commence devant sa porte et quand on à cette énergie positive les gens le sentent , la vie devient un vrai cadeau même en France ! J’aime ce pays et je suis tjs de + en + motivé pr le faire avancer ! kiss des volcans

    1. David Tribal

      David Tribal Exactement, mais c’est la merde pour soigner des blessés si on est blessé soi-même…Où trouver l’énergie ? Comment sortir la tête de l’eau si on te tire par le pantalon vers le fond ?
      Ou bien essayer de semer des idées à ceux qui veulent les prendre, laisser faire le temps, créer des liens forts batis sur la vérité, et attendre que le niveau d’optimisme remonte petit à petit… ?

    2. David Tribal

      Julyon les gars je me retrouve dans aucun de vos propos. Uno es de donde mejor se siente. Je suis apatride, citoyen du monde et suis desattache de tout identitarisme car je suis assez arrogant pour me declarer unique et sans banieres. Sans deconner, trahir son peuple… c’est negatif comme pensees. Ca revient au sempiternel « voyager c’est fuir » ou toutes ces conneries.
      Comme le dit Nico on est uniques et chacun a son propre raisonnement qui peut evoluer d’ailleurs et puis chacun s’emoeut differemment, c’est tellement des sensations personnelles tout ca que c’est impossible de generaliser, la preuve moi qui pensait qu’on est tous les trois sur la meme longeur d’onde et bien non pas la dessus.
      Soyez heureux, c’est tout ce que je vous demande. La bise les copains

      1. David Tribal

        David Tribal Haha, on peut tout dire, c’est tellement imparfait par rapport à ce que l’on ressent.
        Je me disais tout a l’heure °°Les mots sont une discrétisation sensible de nos pensées ». Qui dit discrétisation, dit encadrement et approximation. On est sur une même longueur d’onde, enfin tout dépend de la largeur de ta bande passante. Chacun son onde coolok

  4. David Tribal

    Consignation des commentaires relevés sur FB (Wall Julie PP):
    David Tribal Allez, aide-moi à construire un monde meilleur en commençant par chez nous

    1. David Tribal

      Julie PP Je t’assure que je voudrais bien essayer mais pas maintenant, pas dans le contexte actuel.
      Les actualités me dégoûtent, le milieu professionnel est inhumain, on nous prend pour des pions, des serviteurs… Ras le baba!
      Oui j’aime la France, j’aime notre géographie, les cultures qui en émanent, nos traditions. Je suis consciente et reconnaissante de la chance que nous avons mais je n’en peux plus.
      J’ai besoin d’air frais et pur. J’ai encore besoin de bouger, de voguer et d’apprendre encore plus de moi.
      Mais un jour viendra …

      1. David Tribal

        David Tribal Alors barre-toi !!!
        (et sans animosité)
        Moi même j’étais parti à cause d’un certain étouffement. Et dès que je recommencerai à etouffer…bye bye.
        Pour l’instant je n’étouffe que part moment, retrouvant un coin de ciel bleu régulièrement (et puis hors métaphore, ici je l’ai souvent le ciel bleu).
        Enfin, je triche, je n’ai toujours pas recommencé à travailler…et je me rend copte, en y rentrant petit à petit, de ce bordel !

        Au moins ton message m’aura permis de faire sortir une pensée de plus
        Suerte, la vida es tal como la ves

Pour commenter sans FB c'est ici ? (laissez votre contact si vous le souhaitez)