J’étais allé porter plainte au poste de commissariat le plus proche.
En fait j’avais du prendre le bus pour m’y rendre, dans cette petite ville de bord de mer. Les rues étaient presque désertes. Des rues larges et aérées, mais pas comme vous pouvez vous les imaginer dans des films américains, rien à voir. C’est plutôt le fait que les maisons étaient basses qui donnait cet idée d’air.
Je ‘étais fait voler mon appareil photo dans notre bar. Le seul soir où j’ai lâché prise et laissé mes potes le tenir sans moi, bim, le lendemain je rentre, je décide d’utiliser mon appareil photo qui attendais depuis quelque jour dans le garde-affaires fermé par une petit porte en bois, sous l’escalier, et…disparu !
Disparu. ha j’ai bien vérifié en enlevant tous les sacs et en le remettant en place, mon sac besace noir qui contenait l’appareil photo avait disparu. Impossible ! Comment ?
Bon je vous passe les détails sur les questions à mes potes, toujours est-il que j’ai du accepter. Ca m’a prit 6 jours d’accepter cette perte. Une des leçons que te délivre le Voyage: la perte !
Enfin du coup, au cas où je croiserai le gars et me battrais avec lui, ou au cas où autre chose, et bien j’ai décidé d’aller porter plainte, et ce au poste le plus proche. Pas loin, mais en bue quand même. Il parait qu’on peut y aller en marchant par la plage, mais il doit y en avoir pour 2h aller.
Arrivé là-bas, dans cette petite ville assez vide, je trouve le poste. A l’entrée, un seul bonhomme en uniforme. Abordable, je l’aborde:
« – Bonjour, c’est pour déposer une plainte
– Attendez-là s’il vous plait, ce sera dans le bureau là-bas »
Alors déjà, je vous laisse imaginer le poste de police où il n’y a qu’un mec en uniforme, tout de plein pied, personne d’autre, et il te dit d’attendre pour rentrer dans le bureau à porte ouvert là-bas…
Au moment où sort une personne de la salle, vient me chercher une jeune fille pour me faire rentrer. Arrivé au bureau, une chaise de mon côté, et en face, deux chaises.
Une grande table en bois et des papiers entassés. Je vais pour attendre, attendre que quelqu’un vienne prendre ma déposition, mais les filles commencent à me questionner. Deux collégiennes, en uniforme je crois. Ca leur donne un air un peu sérieux.
Je suis devenu moins sérieux quand elle m’ont expliqué que c’est leur stage et que c’est elles qui prennent ma déposition, sans personne d’autre… hahha :DDDD
Et oui. A partir de là je souriais large. Deux gamines de 15 ans pour prendre ma déposition, si si:
« Tenez, notez sur cette feuille ce qu’on vous a volé, et donnez-nous une pièce de 50 centimes pour que l’on puisse aller taper la déposition sur l’ordinateur du cyber-café à côté. »
HAHAHAHAHAHAHAHHAHAHAH !!!
Et si, je vous assure. Il manque juste que je remette la main sur le carnet dans le quel j’ai écrit ça en direct. Je n’ai pas de photos, désolé, un peu d’indulgence s’il vous plait.
Et du coup, en attendant qu’elles puissent me donner un double de la déposition, j’ai commandé une frite. Alors là je vous arrête tout de suite, enlevez le néon et le nom du snack en grosses lettres sur la devanture. Enlevez même la devanture tiens, pendant qu’on y est. Tant qu’à faire, enlevez toute structure et conservez des roulettes et un petit bar. Ô non, surtout, n’allez pas me poser une friteuse là-dessus, qu’est-ce que j’en ferais ? Virez-moi toute idée d’électricité, de confort ou quoi que ce soit, et vous approchez de la réalité.
Au final, je décrierai ça plutot comme un stand de vente de limonade de rue. Vous avez déjà acheté de la limonade dans la rue ? non, moi non plus, mais j’ai vu ça dans Calvin et Hobbes. Chez nous c’est plutôt proche du stand du vendeur de trucs lumineux dans la rue au 14 Juillet: un minibar, des roues, et un plan de travail. Mon équatorien avait quand même un peu plus…il faut bien les faire cuire les frites, sinon ça s’appellerai des « pas cuites ».
Alors pour faire frire il faut, je vous le donne Emile, de l’huile. Un bon bain d’huile. 9a il avait. Un bain d’huile dans un grand saladier au fond rond. Ensuite du feu, oui, avec un feu à gaz. Il ne nous manque plus que l’ingrédient principale…. la carotte !
Non je déconne. Il faut des patates. Et c’est justement là que je voulais en venir avant de me retrouver à écrire toute cette histoire abracadabrantesque… car dans ces pays « en voie de développement » (pfff…) la frite bas de gamme que l’on trouve dans la rue, frite au bain d’huile chauffée au gaz, et bien cette patate là, et bien c’est de la patate.
Ce que je veux dire c’est que ce sont des simples pommes de terre, épluchées et coupées en direct puis balancées dans le bain d’huile !
WHAT ?
La pomme de terre bas de gamme chez eux, c’est la pomme de terre haut de gamme chez nous, truc de ouf ! La patate maison ;) pffff
Mais oui, imaginez un équatorien avec un congélateur accroché à sa roulotte (ne vous l’imaginez pas non plus habillé en tenu d’Adam avec une lance…). Déjà il faut éviter les coupures de courant, mais en plus il faut payer le jus, l’amener à la roulotte, et faire tourner tout ça !
Bande de gringo va ! Espèce d’européen plein d’habitudes…
Et oui, là-bas la frite c’est de la patate frite, évidemment. La patate ça pousse bien et ça se conserve bien. Que demander de plus ? Pourquoi aller payer un congélo et son électricité s’il suffit d’un couteau ?…
Alors voilà, pour certainement le tiers du prix d’ici (même si la monnaie équatorienne c’est le Dollar américains depuis 15 ans, et oui) j’ai eu ma frite maison en pleine rue déserte !
Moralité, on a pensé avancer, mais on a juste trouvé une solution qui correspond à notre mode de fonctionnement. Il y a d’autres manière de répondre à la même contrainte: disposer de patates en morceaux pour les frire. Pourtant on ne remet pas souvent en question ce choix.
A ce propos, dernière anecdote et je me couche.
Dans un restaurant à Paris avec mon ami Pierre, nous consultons la carte. Elle affiche maximum 5 plats différents avec leurs accompagnements. Évidemment, vous l’aurez compris, pour faire raccord à l’histoire précédente, il y avait des frites ! Wouhou !
La serveuse vient prendre notre commande. Suite à notre discussion sur la vie etc…avec Pierre, je demande à la serveuse « des morceaux de pomme de terre coupés en bâtons et frits dans l’huile ». A ce jeu de formulation cette dernière me répond pour notre sourire commun (à Pierre et à moi):
« Ha désolé, on n’as pas ça: des patates cuites dans l’huile »